Quand le livre dit ce qu’on n’aurait pu mieux formuler soi-même, quand on trouve en l’autre l’écho de sa propre voix, ah ! quel bonheur : « Tant que la lecture est pour nous l’initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-même la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. »
Ou pas !
Proust d’ajouter :
« Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend à se substituer à elle (…) et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d’esprit. »
Lorsque dans son récent ouvrage intitulé Les Livres prennent soin de nous (Actes Sud), Régine Detambel prône une « bibliothérapie créative », n’est-elle pas sous le charme d’une lecture par trop passive d’autres ouvrages, ceux, en l’occurrence, de Michèle Petit qui publie depuis le début des années 2000 des livres sur les bienfaits du livre : Éloge de la lecture, la construction de soi, L’Art de lire ou comment résister à l’adversité.
Actes Sud doit faire les frais de cette dégustation livresque mal contrôlée : mise au pilon de l’édition contrefaisante, édition d’une nouvelle version avec suppression des passages incriminés (voir les exemples dans le Télérama du 11 juillet 2015) et signalement des extraits empruntés avec indication de la source.
On oublie trop l’horrible danger de la lecture.